. 8 – Genèse

Une pluie fournie se met à tomber. Bor rentre dans le salon avec ses livres et la bouteille « d’eau de feu ». Est-ce la fatigue, l’alcool, mais ses jambes ont du mal à le porter, il se laisse tomber sur la banquette et s’assoupit.


Vidé, brisé, fissuré, lézardé comme un vieux mur qui va s’écrouler, Bor a du mal à émerger. Au sol, reposent côte à côte, le livre en maroquin broché et relié « une fortune » de Voltaire, la feuille photocopiée que Mochè avait glissée dans le livre et la bouteille de Calva, presque vide, de tonton Maurice. Pour se donner du cœur à l’ouvrage Bor chauffe la machine en ingurgitant un nouveau verre d’alcool, puis saisit d’une main tremblante le feuillet. Le col de sa chemise déboutonné, Bor prend des poses de soûlards, une jambe étendue, un bras tombant, et de l’autre main vacillante il tient la feuille pour la lire. Ses yeux embués discernent en partie les mots, c’est dans un demi-brouillard éthylique qu’il réussit à déchiffrer le papier :
« Ancien testament par Jean-Frédéric Ostervald, premier livre de Moïse, la Genèse – chapitre 9 : les lois que Dieu donna après le déluge à Noé et au genre humain et plus particulièrement aux oiseaux (versets 1 à 11).
1. Et Dieu bénit Noé et ses fils et leur dit : Croissez et multipliez et remplissez la terre.
2. Et que toutes les bêtes de la terre, tous les oiseaux des cieux, tout ce qui se meut sur la terre et tous les poissons de la mer vous craignent et vous redoutent, ils sont remis entre vos mains.
3. Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira pour nourriture aussi bien que les légumes verts.
4. Toutefois, vous ne mangerez point leur chair avec leur sang et leur âme.
5. Car je redemanderai vos âmes, je les redemanderai de la main de toutes les bêtes et de la main de l’homme.
6. Quiconque répandra le sang humain, on répandra le sien, car l’homme est fait à l’image de Dieu…
7. Vous donc, croissez, multipliez ; croissez en toute abondance sur la terre et multipliez sur elle.
8. Dieu parla aussi à Noé et à ses fils qui étaient avec lui, disant :
9. Et quant à moi, voici, j’établis un pacte avec vous et avec votre postérité.
10. Et avec tout animal vivant qui est avec vous, tant des oiseaux que des animaux domestiques, toutes celles qui sont sorties de l’arche.
11. J’établis donc mon pacte avec vous et nulle chair ne sera plus exterminée par les eaux du déluge et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre. »

Bor relit une fois, deux fois ces quelques lignes, mais n’y comprend rien et ne voit pas le lien avec sa quête sur les corbeaux. Pour s’éclaircir les idées, il reprend un petit gorgeon de Calva à même la bouteille, pose la bouteille à proximité de lui et croise les mains derrière sa nuque. Mais, il sent une présence prêt de lui et voit la bouteille disparaître derrière la banquette, il va pour la rattraper, à ce moment sa main touche une petite tête toute frisée, toute douce et il entend le glouglou caractéristique du buveur de bouteille. « – Alors ça, mon ami Délirium! S’exclame-t-il, rempli de bonheur, tu es là, tu es revenu, je ne comptais plus te revoir. ». « – On ne peut pas dire mais tu es tranquille Bor, cool ! Alors que ta bouteille est presque vide, heureusement que je suis arrivé à temps. ». Et Bor entend que l’on sirote dans son dos. Il tend le bras pour caresser la petite tête de Délirium, mais sa main tombe sur la bouteille de Calva. Il la prend. « – Heureusement que je te l’ai remplie, dit la petite voix, tu deviens flemmard Bor, même plus le courage de remplir les cartouches ? ». Et Bor de lui répondre : « Que ferais-je sans toi cher Délirium, toujours là au bon moment, tu es mon sauveur ». Et tout caressant, tendre, câlin, il arrache le bouchon de la bouteille pleine avec ses dents et boit au goulot une longue rasade, puis tournant légèrement la tête vers l’arrière de la banquette, il dit à la fripouille qui s’y cache : « – J’étais un peu perdu mon petit camarade, tu vas pouvoir m’aider. Je viens de lire ce papier. Mais qu’est-ce que viennent faire la Bible, la Genèse dans mon histoire, j’ai toujours été agnostique, voire complètement athée, que vient foutre le Bon Dieu dans ma vie, nom de Dieu de merde, je me le demande ! ». « – Du calme, du calme Bor. Mon ami, je ne te ferai pas la morale, loin de moi cela, mais lorsque tu es à jeun, tu ne comprends rien, tu ne vois rien, j’étais là depuis un moment et tu ne me voyais même pas, bougre d’idiot, il ne faut pas rester à jeun longtemps c’est dangereux ! ».


La voix de Délirium est douce aux oreilles de Bor, enfin un vrai ami, quelqu’un qui le comprend, qui ne lui met pas de bâtons dans les jambes, un poteau, un frère. Bor sur sa banquette se détend, il se décontracte, il est presque bien. Puis la petite voix de Délirium, reprend, calme, tranquille, chantante à l’oreille de Bor : « – Comme tu es mon meilleur ami, je vais te donner une première piste, relis attentivement le texte, il y a un mot, un mot qui va te rappeler les derniers mots de Munnin et Hugin, mais surtout pense à boire, c’est une question de lucidité ». Bor boit, puis relit le texte. Et sur le champ, le mot lui saute aux yeux : Pacte. Ce texte c’est le Pacte de Dieu avec les hommes, avec les animaux, avec les oiseaux. Un pacte irréalisable, mal foutu. C’est quoi « user sobrement des créatures dont Dieu nous a accordé l’usage » ? A ce moment la petite voix maline, roublarde de Délirium reprend suave et malicieuse !

« – Mais le vieux Mochè t’a donné un livre, une fortune parait-il, et tu n’y as même pas jeté un œil, tu baisses Bor, il faut que je te reprenne en mains et sérieusement mon ami. Pour t’éviter des recherches, il a même marqué les pages. Tous tes amis t’assistent, t’aident et toi tu fais quoi ? Tu pleures en écoutant Lina, tu ferais mieux de boire un peu plus. » Bor boit, tourne le premier marque-page du livre de Voltaire et lit :
« … nous remarquerons ici qu’il est dit que Dieu fit une alliance avec Noé et avec tous les animaux; et cependant il permet à Noé de manger de tout ce qui a vie et mouvement; il excepte seulement le sang, dont il ne permet pas qu’on se nourrisse… Genèse (chapitre IX, verset 4).
On peut inférer de ces passages et de plusieurs autres ce que toute l’antiquité a toujours pensé jusqu’à nos jours, et ce que tous les hommes sensés pensent, que les animaux ont quelque connaissance. Dieu ne fait point un pacte avec les arbres et avec les pierres, qui n’ont point de sentiment ; mais il en fait un avec les animaux, qu’il a daigné douer d’un sentiment souvent plus exquis que le nôtre, et de quelques idées nécessairement attachées à ce sentiment. C’est pourquoi il ne veut pas qu’on ait la barbarie de se nourrir de leur sang, parce qu’en effet le sang est la source de la vie, et par conséquent du sentiment. Privez un animal de tout son sang, tous ses organes restent sans action. C’est donc avec très grande raison que l’Écriture dit en cent endroits que l’âme, c’est-à-dire ce qu’on appelait l’âme sensitive, est dans le sang ; et cette idée si naturelle a été celle de tous les peuples… »


Bor commence à comprendre les différents liens entre toutes ces informations, mais sa place à lui dans tout cela ? Le malicieux Délirium, une nouvelle fois vient à son aide et d’une voix éthérée : « – Tu vois Bor, Voltaire a mis le doigt où ça faisait mal, aux oiseaux surtout. Ils sont cités plusieurs fois dans les paroles de Dieu. Et Voltaire, comme Dieu d’ailleurs, laisse supposer qu’ils possèdent la connaissance, les sentiments, qu’ils sont habités par une âme… et que surtout, surtout le pacte de Dieu entre les hommes et les animaux, les corbeaux en ce qui te concerne, n’est pas respecté, le Pacte de Dieu n’est pas respecté. Mais avant que je ne te quitte, lis donc le dernier texte de Voltaire que t’a indiqué Mochè. Tu t’assèches, on parle, on parle et tu ne bois pas. Ne t’inquiète pas le Calva ne manque pas, j’en emporte toujours quand je viens te voir, je sais très bien que tu te retrouves toujours à court. »

Bor boit, tourne le deuxième marque-page du livre de Voltaire et lit : « – Dialogue extrait du conte: la Poularde et le Chapon.

La Poularde
– Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! J’entendais l’autre jour, dans cette espèce de grange qui est près de notre poulailler (l’église), un homme qui parlait seul (le curé) devant d’autres hommes qui ne parlaient point (les fidèles) ; il s’écriait que « Dieu avait fait un pacte avec nous et avec ces autres animaux appelés hommes ; que Dieu leur avait défendu de se nourrir de notre sang et de notre chair ». Comment peuvent-ils ajouter à cette défense positive la permission de dévorer nos membres bouillis ou rôtis ? Il est impossible, quand ils nous ont coupés le cou, qu’il ne reste beaucoup de sang dans nos veines ; ce sang se mêle nécessairement à notre chair; ils désobéissent donc visiblement à Dieu en nous mangeant. De plus, n’est-ce pas un sacrilège de tuer et de dévorer des gens avec qui Dieu a fait un pacte ? Ce serait un étrange traité que celui dont la seule clause serait de nous livrer à la mort. Ou notre créateur n’a point fait de pacte avec nous, ou c’est un crime de nous tuer et de nous faire cuire, il n’y a pas de milieu.
Le Chapon
– Ce n’est pas la seule contradiction qui règne chez ces monstres, nos éternels ennemis (les Hommes). Il y a longtemps qu’on leur reproche qu’ils ne sont d’accord en rien. Ils ne font des lois que pour les violer et, ce qu’il y a de pis, c’est qu’ils les violent en conscience. Ils ont inventé cent subterfuges, cent sophismes pour justifier leurs transgressions. Ils ne se servent de la pensée que pour autoriser leurs injustices, et n’emploient les paroles que pour déguiser leurs pensées. Figure-toi que, dans le petit pays où nous vivons, il est défendu de nous manger deux jours de la semaine : ils trouvent bien moyen d’éluder la loi ; d’ailleurs cette loi, qui te parait favorable, est très barbare ; elle ordonne que ces jours-là on mangera les habitants des eaux : ils vont chercher des victimes au fond des mers et des rivières. Ils dévorent des créatures dont une seule coûte souvent plus de la valeur de cent chapons : ils appellent cela jeûner, se mortifier. Enfin je ne crois pas qu’il soit possible d’imaginer une espèce plus ridicule à la fois et plus abominable, plus extravagante et plus sanguinaire. »


L’espiègle Délirium, d’une voix séraphique : « – Tu vois je te disais bien, le Pacte de Dieu n’est pas respecté. Voltaire a la religion en horreur, et il ne le cache pas ! Dans ce dialogue, il blâme la religion et les hommes, leurs comportements et leurs mœurs. ». « – Ah! Merci cher petit fripon, pour cet aide, tu n’es pas du genre à laisser tomber un vieil ami, surtout quand le manque se fait sentir. » Éructe Bor dans un rot, en vidant la bouteille d’un trait. « – C’est normal, je suis ton autre toi, conclut Délirium, angélique. ». « – Ton autre moi ? Mais alors je suis toi ou bien toi tu es moi ? » Délirium n’est plus là, Bor s’écroule de tout son long sur le sol, inanimé, les yeux hagards.

(à suivre)
Bor (6c)

21 réflexions sur “. 8 – Genèse

  1. pardon du silence, mais je reprends le fil de l’eau, je remonte dans le bateau, je me noyais un peu cette semaine, j’aime beaucoup Delirium mieux que la femme, et j’adore la boutique de Moché, j’y serais bien restée plus longtemps à lire les belles descriptions de livres foisonnants et de pyramides de feuillets. à la Zola, Et voilà que Dieu s’en mêle, un duel entre Odin et le Christ ou le père ? Voilà qui promet.. J’ai hâte de revoir ce couple ténébreux voler dans le salon de Bor. Merci

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    1. Arielle tu avais quitté le Bor et pour te noyer en plus…
      Comme tu es remontée à Bor, tu peux voir que nous avons un peu viré de Bor, mais que le Camarade Bor est au Bor du précipice avec son pote Délirium. (Délirium, une idée que j’ai empruntée à un super auteur danois Jorn Riel, dans La maison de mes pères, une trilogie que si elle passe à côté de toi, tu sautes dessus et tu la lis toutes affaires cessantes, si je peux me permettre…).
      Mais les deux ténébreux reviennent, n’entends-tu pas le bruissement de leurs plumes, le frémissement de leurs ailes qui planent dans la nuit noire sans mouvement apparent, dans un vol feutré, voilé, et qui se laisse à peine deviner…
      A BA-BOR TOUTE !

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      1. Bor d’âge, Bor à Bor, Bor niche, Bor d’lo, Bor d’ailes, Bor real ou Bor réél, Bor dur, que sais-je
        je suis un peu ravagée sur les bords, néo Bor ou Bor néo, va t’en savoir,
        j’avais lu au fur et à mesure
        de Bor les aventures
        mais sans biture
        l’esprit je me triture
        et une chose est sûre
        j’aime ses tur…
        pitudes
        donc les tiennes, toi l’auture (pardon l’auteur)
        à bientôt
        bises
        (je vais trouver ta trilogie à la bibliothèque de la rue fessart (joli nom n’est-ce pas?)

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        1. En trouvant le prénom de Bor, pour cette nouvelle, ce conte, ce (je ne sais plus comment l’appeler). Donc en trouvant Bor je n’avais absolument pas pensé aux possibilités infinies de jeux de mots et je trouve ça d’un drôle. Merci de cette fabouille qui montre que tu n’as pas perdu ton agilité d’esprit, ça turbine toujours là-haut, même si tu écris moins comme tu me dis. Youpie pour les neurones, qui s’entrechoquent, qui bouillonnent ! Yo pour les cellules qui oublient la bulle !

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    1. J’adore cette phrase ma Puce…
      Surtout je l’adore venant de quelqu’un qui est la Filosofia Appassionato. Une question fondamentale qui a interrogée constamment le monde de la philosophie. On peut trouver quelques pistes de réponses dans « Du non-humain à l’humain : problèmes et équivoques ».
      « L’homme n’est pas immédiatement humain, mais il a à le devenir : c’est peu de dire que cette affirmation n’a rien d’original. Elle a la force d’une évidence première, et s’est imposée comme telle dès l’aube de la réflexion philosophique et jusqu’à aujourd’hui. ».
      Je ne développerai pas ici cette problématique, mais je te conseille en toute bienveillance de te référer au lien suivant :
      http://philo.pourtous.free.fr/Articles/Gildas/non_humain.htm
      Cette fin d’article n’est effectivement pas humaine , mais est en devenir de l’être…

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      1. Oh la la, je n’ai pas assez bu pour tout comprendre, mais ce texte est fort intéressant : « Du non-humain à l’humain : problèmes et équivoques » Entre l’être qui est incapable de pensée et de langage (l’animal), et celui qui en est capable (l’homme), la différence n’est pas simplement de degré mais d’essence, ce qui interdit tout « passage » de l’un à l’autre… Toi aussi ça va te faire réfléchir … Il est toujours dangereux de céder au chant des sirènes !

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        1. Je pense effectivement qu’il y a des Forces Cosmiques qui nous dirigent, qui nous guident et que Bor est pris dans ce tourbillon comme l’appel Munnin, le tourbillon du Grand Mystère. Sur la notion de « passage » je ne suis pas tout à fait d’accord, mais nous en reparlerons plus tard, si tu vois ce que je veux dire… Personnellement je n’appelle pas cela le chant des sirènes, car le chant des sirènes on peut s’en prémunir le combattre, cf Ulysse, les Forces Cosmiques, non.
          … « La seconde fois, ce fut Ulysse qui sut leur résister à leurs chants. Sur les conseils de Circé, il se fit attacher au mât après avoir fait boucher à la cire les oreilles de ses matelots qui ainsi ne pouvaient pas entendre le chant des Sirènes. Les Sirènes se précipitèrent du haut de leur rocher dans les profondeurs de l’océan. Seul le corps de Leucosie fut rejeté sur le rivage de l’île Leucania.
          On dit aussi que Parthénope tomba amoureuse d’Ulysse et se voyant dédaignée elle se jeta dans la mer près de l’endroit où sera construite la ville de Parthénope (aujourd’hui Naples) »…



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  2. en tous cas , çà d ‘ jazz à tous les étages , la lecture dans la lecture , comme les poupées russes , en attendant non pas Godot mais le retour de Bor laissé sur l’carreau.
    malika

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    1. Oui comme je disais plus haut à Odile, je crois que c’est peut-être un atavisme… Toutefois pour moi aussi, comme pour toi, après avoir chercher plusieurs peintres qui répondent au cahier des charges, je pense que Francis Bacon est le seul qui réponde aux critères. Quoique je crois que Nicolas Fropo soit assez juste aussi, sur la notion de double… Voici une autre peintre qui m’intéressait aussi Myriam Delahoux, mais pas suffisamment figurative à mon gout…

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      1. Et Babeth a fait la même réflexion… comme tu dis c’est de famille !
        En tout cas il me met très mal à l’aise, les rouges sans doute…
        Quoique ceux de Rothko m’émeuvent au plus haut point. Difficile l’art, de savoir pourquoi on aime ou pas.
        Bonne journée et la suite pour bientôt, je me demande ce qui va sortir de tout ça…
        Bizz, O*

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        1. Chère Odile, il faut arriver à la fin du feuilleton pour que les divergences apparaissent… Alors parlons un peu peinture, je ne m’étendrai pas longtemps, je n’y connais pas grand chose et il y a effectivement très peu de peintres qui m’émeuvent, qui déclenchent chez moi une quelconque vibration… En voyant les aplats de Mark Rothko, je me dis d’accord comme palette de couleur c’est bon, mais point. Qu’il te fasse vibrer, no problemo, je respecte. Comme disait mon père « Les gouts et les couleurs ??? ».
          Par contre en ce qui me concerne je sais ce qui me touche, m’atteint, voire me bouleverse, c’est à 80% le figuratif déjà, et il faut que sa sente la chair, la sueur, la vie… Pour moi l’art nait de la souffrance, d’une réaction à la vie, d’une violence, c’est l’expression d’un cri, d’une plainte. Il faut que ça m’ébranle, que ça touche le très profond. Sinon pour moi, je dis bien, pour moi, c’est de l’esthétisme, du « beau », du charmant, du joli… Tous les artistes que j’aime et que je respecte sentent « le rat crevé », qui était l’expression favorite surement exagérée d’un sculpteur ami dont j’aimais beaucoup le travail… Voilà, voilà, je t’embrasse O*

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            1. J’intercepte ce cri de « Saisissement ».
              Mais qu’a t-il découvert dans ton ventre ???
              Ces yeux exorbités, proéminents, globuleux n’en reviennent pas de ces univers de Chantilly dans des océans démontés… Heureusement un cri sourd de ses lèvres pulpeuses, un jaillissement d’étonnement bénéfique.
              Dominique dit toujours : Maman me disait « Quand tu as eu peur et que tu as envie de crier, il faut crier pour relâcher la tension. » (je continue la maxime de Renée) « si tu n’as pas envie de crier, il faut aller faire pipi !!! »
              Puis-je mettre « Saisissement » dans le blog, il fait aussi partie du voyage…

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              1. Mets ce cri si tu veux.
                C’est un cri sourd, on dirai qu’il n’est pas sorti à ce moment là, comme tu dis plutôt un saisissement.
                🙂 bizz et merci de ton regard tjs bienveillant.
                O*

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  3. Ah Ah! Je vois qu’on y revient, à ma chère Grèce, ses sirènes et son Odyssée! Quel voyage! et pour l’art, oui, Bacon me dérange un peu aussi parce qu’il me manque justement la chair, le sang, la profondeur. Je ne suis pas spécialiste du tout mais il me semble qu’il s’agit d’un « propos », un système. J’aime l’abstrait quand il me donne une sensation de vie, de voyage, pas quand il est juste « esthétique » et il faudrait définir ce mot.
    Et puis je m’arrête parce que le passage de l’humain au non humain, c’est aussi un sujet passionnant!
    Merci.

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  4. Je pense que le brave Francis devait en avoir quelques unes, de sirènes, dans sa tête ou dans son verre de rouge… Personnellement Bacon me touche car justement je trouve que sa peinture sent la chair avariée et justement qu’il n’est pas dans un esthétisme, dans un conformisme de bon aloi… Mais comme le dit O* plus haut : Les dégouts et les douleurs ?

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